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« Le Jardin des Finzi-Contini », voir le film pour lire le livre - Le Monde

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« Le Jardin de Finzi-Contini », de Vittorio de Sica.

Revoir Le Jardin des Finzi-Contini (1970) dans une version subtilement restaurée en 4K, c’est à nouveau se plonger dans la réflexion sans fin sur les limites de l’adaptation cinématographique d’un chef-d’œuvre de la littérature mondiale. Soit deux génies incontestables : Giorgio Bassani, équivalent d’un Proust transalpin ; et Vittorio de Sica, qui, lorsqu’il met en chantier l’adaptation du livre du premier, a déjà reçu trois Oscars et un Grand Prix du Festival de Cannes. Mais quel lien peut-il y avoir entre l’univers tremblé et brumeux de Bassani, tout entier centré sur la petite communauté juive de Ferrare en Italie du Nord, et celui, plus méridional, d’un réalisateur qui s’est fait le chantre de l’identité napolitaine ?

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C’est en partie cette différence culturelle qui expliqua que le film, malgré ses récompenses (un nouvel Oscar et un Ours d’or), déçut les bassanistes, et au premier rang desquels Giorgio Bassani lui-même. L’écrivain s’estima trahi bien qu’il eût lui-même sollicité le metteur en scène afin de faire aboutir ce projet d’adaptation d’abord confié en 1966 à Valerio Zurlini. Plein de bonne volonté, Bassani participa à l’écriture du scénario racontant l’inexorable confinement d’une famille juive qui, au fur et à mesure du la promulgation des lois raciales en 1938 par Benito Mussolini, se clôt presque volontairement dans les murs de sa grande propriété, réinventant le ghetto et semblant accepter la fin tragique qui les attend.

Dominique Sanda et Lino Capolicchio dans « Le Jardin des Finzi-Contini », de Vittorio de Sica.

« Le jardin trahi »

Mais Bassani ne reconnaît rien de son livre. Diverses moutures du scénario ont éliminé de nombreuses subtilités. Les personnages semblent s’être standardisés autour de quelques traits de caractère, sans doute pour améliorer l’efficacité narrative. Micol (Dominique Sanda) semble renoncer à l’amour par entêtement alors que c’est la conscience du son futur destin qui en est la cause ; pâle et fiévreux, Alberto, son frère (Helmut Berger), semble répéter des futures scènes du Ludwig (1972), de Luchino Visconti. Malnate (Fabio Testi) n’est-il pas un peu trop viril, même s’il incarne un fier militant communiste ? Enfin Giorgio lui-même (Lino Capolicchio) est au contraire un peu falot.

L’écrivain Giorgio Bassani s’estima trahi par Vittorio de Sica, bien qu’il eût lui-même sollicité le metteur en scène

Enfin, les parties de tennis, qui rassemblent dans la propriété des Finzi-Contini les jeunes gens de la communauté juive exclus de leur club ainsi que leurs amis, sont filmées, selon la critique du Monde Françoise Wagener dans un article de décembre 1971, « avec la platitude d’un reportage sportif ». Disons que personne parmi les acteurs ne sait tenir une raquette, alors que Bassani était un joueur émérite… Quant à Ferrare, ville enfermée dans ses murailles, elle est peu visible alors qu’elle est l’élément essentiel de l’œuvre de Bassani qui intitulera une partie de son œuvre Le Roman de Ferrare. Furieux devant ce qu’il considérait comme des trahisons, l’écrivain intenta un procès un producteur pour faire retirer son nom du générique. Il écrivit un article au vitriol, « Le jardin trahi ».

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July 24, 2020 at 03:31PM
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